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L’Art Ancien de la Préparation du Thé Japonais : Cha No Yu 茶の湯

Le rituel du Thé au Japon est étroitement lié à la diffusion du bouddhisme.
Au XII e siècle, un moine nommé Eisai (明菴栄西), rapporta d’un voyage en Chine des graines
de théier et introduisit au Japon la méthode utilisée sous la dynastie Song (960 – 1279) pour
préparer le Thé.
Les feuilles de Thé étaient compressées, broyées à la pierre et réduite en poudre très fine.
Le Thé était ainsi préparé par dissolution et non pas par infusion.
Cette technique qui a disparue en Chine est aujourd’hui toujours pratiquée au Japon.

Le Thé conquit la cour impériale et se répandit également dans mes monastères. Les moines parvenaient
ainsi à rester éveillé pendant les prières et les longues heures de méditation grâce à cette boisson énergétique.
Très vite, des règles précises furent instaurées pour préparer le Thé. Ce phénomène exerçait une grande
fascination sur les seigneurs féodaux et les guerriers qui, à l’époque, dominaient la société médiévale.

Ces rituels peuvent être considérés comme une anticipation de ce qui serait par la suite devenu le Cha No Yu.
Murata Jukō (村田珠光), (1423-1502), connu dans l’histoire culturelle du Japon comme le fondateur
de la cérémonie japonaise du thé, créa dans sa maison de Kyoto une salle de thé et établit
les premières règles du Cha No Yu.

Il fallut pourtant attendre le Maître Sen no Rikyū (千利休), (1522-1591) pour que l’art
de préparer le thé devienne un véritable rituel avec des gestes codés.

Pendant la cérémonie du thé Cha No Yu, on utilise aujourd’hui encore le matcha, un thé en poudre très fine
d’une couleur verte intense. Littéralement « l’eau chaude du thé », le Cha No Yu est une cérémonie où l’harmonie,
le respect, la pureté et la tranquillité se mêlent.
La cérémonie a lieu dans la salle de thé ou « salle du vide » à laquelle on accède après avoir parcouru
un sentier pavé de pierres plates et irrégulières.

Le maître (ou la maîtresse) du thé, à genoux sur le tatami comme les participants à la cérémonie, sèche la tasse
(chawan – 茶碗) avec un chiffon en soie accroché à la ceinture du kimono.
Avec une spatule en bambou (chashaku – 茶杓), il verse dans le bol une petite quantité de poudre verte de Thé Matcha.
Avec une louche en bambou (hishaku – 柄杓) il prend l’eau chaude dans la bouilloire en fonte et la verse dans le bol, sur le thé.

Pour obtenir cette mousse de couleur verte, il faut mélanger vigoureusement le tout à l’aide
d’un fouet en bambou (chasen – 茶筅).
Le Matcha est ensuite prêt à être servi au premier hôte.
Le même rituel se répète pour chaque invité et chacun se voit servir un petit four traditionnel.

Il faut des années d’études, voire des décennies, pour apprendre l’art de la cérémonie du thé japonais.
Les maîtres affirment que pour y parvenir, il faut comprendre en profondeur l’esprit du thé.